Notre enquête sur l’étude Mobi-kids montre comment le groupe industriel Orange était actif au cœur du dispositif scientifique. Ce sont cinq collaborateurs de sa filiale Orange Labs qui ont pris part à l’élaboration des outils de mesures de l’exposition des enfants atteints de tumeurs du cerveau.

Faisant suite à nos différents courriers aux auteurs de l’étude ainsi qu’à la coordinatrice de l’équipe scientifique, madame Elisabeth Cardis, l’article publié le 30 décembre 2021 a été modifié. La partie «Conflits d’intérêts», oubliée selon madame Cardis a été incorporée dans la nouvelle version (lire notre précédent communiqué).

 

Joe Wiart en première ligne pour Orange

 

Joe Wiart Mobi-kids

Joe Wiart Mobi-kids

 

Toutefois, ce premier succès pour notre action de transparence, reste tout relatif. C’est d’ailleurs ce que nous avons écrit dans un courriel daté du 4 février 2022, aux auteurs de l’étude Mobi-kids. Ainsi concernant Monsieur Joe Wiart, en première ligne pour Orange Labs, nous posons la question suivante aux auteurs de Mobi-kids :

«A cet égard, nous ne comprenons pas la distinction que vous faites pour M. Joe Wiart. En effet, comment peut-il figurer dans la rubrique des conflits d’intérêts et considérer en même temps qu’il n’a pas de conflits à déclarer ?»

Notre association Alerte Phonegate a aussi informés les scientifiques Mobi-kids de ses nouvelles découvertes concernant le rôle d’Orange tout en souhaitant savoir s’ils pensaient mettre à jour de manière rigoureuse la rubrique des «Conflits d’intérêts» de leur article.

 

Cinq collaborateurs d’Orange pour mesurer l’exposition des enfants

 

Surprenant constat, ce sont cinq collaborateurs d’Orange Labs dont Joe Wiart, qui ont très directement participé à l’étude Mobi-kids. Toutefois aucun d’eux n’apparait, pas plus que l’industriel dans la rubrique des «Conflits d’intérêts».

La stratégie retenue par les auteurs pour minimiser le rôle joué par Orange est bien rodée. Ces intervenants se voient gratifier dans les rubriques remerciements des articles consacrés à Mobi-kids et Mobi-expo.

Plusieurs autres articles publiés par les auteurs de l’étude Mobi-kids, dont celui-ci datant de 2018 (Environmental Research), ne font pas non plus figurer  monsieur Wiart et Orange dans la rubrique «Conflits d’intérêts» (Voir capture d’écran ci-dessous).

 

Joe Wiart, auteur n’apparait pas dans les conflits d’intérêts. Les autres collaborateurs Orange sont intégrés dans la partie remerciements.

 

C’est ainsi que notre association a pu mettre en évidence la participation de madame Emmanuelle Conil, de madame Nadège Varsier, de monsieur Thierry Sarrebourse et de monsieur Habdelhamid Hadjen. Tous travaillaient pour Orange Labs au moment de la réalisation de l’étude.

Cette équipe payée par l’industriel de la téléphonie mobile est intervenue dans un des cœurs stratégiques de l’étude. Ils ont réalisé les logiciels en charge de la mesure de l’exposition des enfants atteint de tumeurs du cerveau (XMobisense et XGridmaster).

 

Enfants, familles, médecins étaient-il informés du rôle d’Orange ?

 

XGridMaster avec logo Whist Lab

XGridMaster avec logo Whist Lab

 

Les familles auraient certainement refusé qu’un industriel élabore le logiciel espion (XMobisense) mis à l’intérieur du téléphone portable des enfants. Cet outil avait pour finalité de relever les datas utilisés dans le cadre de l’étude. Il en va de même pour le logiciel de localisation des tumeurs (XGridMaster) que l’on retrouve ci-dessus dans une présentation Mobi-kids avec le logo Whist Lab (structure commune entre l’Institut Télécom et Orange Labs).

La question légitime qui se pose : les enfants et leurs familles, les équipes médicales étaient-ils informés que l’équipe scientifique avait confié à un industriel ce volet de l’étude ?

 

Le rôle controversé d’Orange dans Mobi-kids

 

D’ailleurs, le rôle controversé d’Orange a été systématiquement minimisée lors de la publication de l’article Mobi-kids. La nouvelle rubrique «Conflits d’intérêts» ne reflète absolument pas le rôle pour le moins particulier qu’a joué l’industriel de la téléphonie mobile dans cette étude. L’auteur Joe Wiart n’étant que la partie immergée de l’iceberg…

Pourtant, en décembre 2011, madame Cardis présentait la contribution de l’industriel Orange comme partie intégrante de l’étude Mobi-kids lors d’une réunion organisée par Whist Lab (laboratoire commun de l’Institut Télécom et Orange Labs).

En voici la preuve ci-dessous, à savoir deux diapositives extraites de sa présentation dans lesquels apparaissent les logos de France Télécom et d’Orange :

Présentation Élisabeth Cardis 2011 avec le logo Orange et France Télécom

Présentation Elisabeth Cardis 2011 avec le logo Orange

 

Lors de cette 18ième journée dédiée aux ondes électromagnétiques, parmi les intervenants se trouvent aussi, entre autres, des représentants de l’ANFR, de l’ANSES, du CIRC (OMS), de la Commission européenne et l’incontournable monsieur Joe Wiart en maître de cérémonie. Difficile donc d’imaginer un instant que les instances nationales et européennes n’étaient pas informées du rôle actif pris par Orange dans Mobi-kids.

Pour le Dr Marc Arazi qui préside l’association Alerte Phonegate :

» Nous savons déjà comment par le passé, dans plusieurs autres scandales sanitaires (tabac, amiante, etc…) les industriels sont intervenus pour fausser la science avec succès. Les scientifiques de l’étude Mobi-kids en ont bien conscience. Toutefois ils n’ont pas hésité à confier à un industriel, ici Orange, un accès privilégié au cœur de l’étude. C’est une faute éthique et morale !»

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