DAS : un indicateur non fiable pour protéger la santé
Le DAS (Débit d’Absorption Spécifique), présenté comme un garde-fou contre les risques des ondes de la téléphonie mobile, souffre de lacunes structurelles qui le rendent inapte à protéger la santé des utilisateurs. Retour sur un système défaillant, largement influencé par les recommandations de l’ICNIRP (International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection), un organisme non indépendant critiqué pour ses liens avec l’industrie et son refus de prendre en compte les effets non thermiques des ondes.
1. Le DAS c’est quoi ?
Le DAS (Débit d’Absorption Spécifique, ou SAR en anglais) mesure la puissance d’énergie électromagnétique absorbée par le corps humain lorsqu’il est exposé aux ondes radiofréquences émises par un appareil (téléphone portable, tablette, montre connectée, etc.). Il s’exprime en watts par kilogramme (W/kg). Un DAS élevé signifie qu’une plus grande quantité d’énergie est absorbée par votre corps.
Il existe un consensus scientifique internationale depuis les années 80 sur les risques liés au réchauffement des tissus humains (effets thermiques) par les ondes de la téléphonie mobile (micro-ondes).
Les effets non-thermiques des ondes font par contre toujours l’objet d’un débat contradictoire dans la communauté scientifique sous la pression constante du lobby des industriels.
2 . Un Historique sous influence de l’ICNIRP
- Années 1990 : Introduction des premières réglementations sur le DAS par les organisations représentatives des industriels (IEEE) .
- Années 2000 : Établissement de normes internationales pour les valeurs de DAS reposant uniquement sur les effets thermiques des ondes sur recommandations de l’ICNIRP.
- 2016 à aujourd’hui : découverte par le Dr Marc Arazi d’une tromperie généralisée sur les niveaux de DAS ayant permis aux fabricants de surexposer des milliards d’utilisateurs et de mettre en danger leur santé (scandale industriel du Phonegate)
3. Les différents types de DAS
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DAS tête : mesure l’exposition au niveau de la tête pendant un appel téléphonique.
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DAS tronc : mesure l’exposition lorsque l’appareil est porté près du corps (poches).
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DAS membre : mesure l’exposition lorsque l’appareil est en contact avec un membre (main, cuisse, brassard).
Les limites réglementaires en Europe sont fixées à 2 W/kg pour la tête et le tronc mesurés sur 10 grammes de tissu, et 4 W/kg pour les membres (10g).
Les limites américaines de la Federal Communications Commission (FCC) sont de 1,6 W/kg pour la tête et le tronc mesurés sur 1 grammes de tissu et 4W/kg pour les membres (10g). Cette norme, plus stricte que la réglementation européenne (2 W/kg sur 10 g), a été adoptée ou adaptée par au moins 19 pays, dont le Canada, la Corée du Sud, l’Inde, Singapour, le Mexique, et d’autres.
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Nouveautés 2025 : Depuis avril 2025, la FCC impose que la distance de test pour l’exposition du corps soit de 5 mm ou moins, sauf exception précisée pour certains modes d’utilisation.
4. Comment le DAS est-il mesuré ?
La mesure s’effectue en laboratoire sur un mannequin SAM (basé sur le gabarit d’un militaire homme américain) remplis de liquide simulant les tissus humains. L’appareil est placé à une distance précise (jusqu’en 2017, 15-25 mm en Europe, désormais 5 mm pour le tronc) et fonctionne à pleine puissance. Le DAS est calculé en moyenne sur une masse de tissu (10 g en Europe, 1 g aux États-Unis).
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5. Les failles majeures de l’indicateur DAS et ses conséquences pour la santé
a) Distances et modalités de mesure irréalistes
La mesure à 5 mm (Europe et désormais FCC) ne reflète pas l’usage réel, souvent au contact direct (0 mm). La France demande depuis 2020 une mesure au contact, sans succès à ce jour.
La moyenne de mesure de l’exposition du DAS « tête » et « tronc » sur 10 g (Europe/directive RED) ou 1 g (FCC) masque les pics locaux d’absorption en particulier pour la norme européenne, et la durée de test reste très courte par rapport à l’exposition réelle.
c) Durée d’exposition sous-évaluée
Les tests DAS durent 6 minutes en Europe (30 minutes aux USA pour le DAS membre), alors que l’exposition réelle peut durer plusieurs heures par jour pendant des années.
d) Effets non thermiques ignorés
Le DAS ne protège que contre l’échauffement des tissus, alors que des effets non thermiques (troubles du sommeil, fertilité, altérations cellulaires) sont pourtant de plus en plus documentés et concernent directement la santé.
e) Logiciels embarqués et manipulation des tests
Certains fabricants utilisent des logiciels capables de détecter les conditions de test et de réduire temporairement la puissance d’émission, faussant ainsi les résultats officiels. Ce procédé rappelle le Dieselgate dans l’automobile, où un logiciel truquait les tests antipollution, et pose un problème majeur pour la santé publique
Depuis 2022, sous notre pression, l’ANFR exige que les fabricants fournissent les clés permettant de désactiver ces logiciels de gestion du DAS (capteur de proximité, capteur de mouvement, Time averaging) afin d’assurer la transparence et la fiabilité des mesures. Peu de fabricants respectent cette obligation qui n’est mis en place qu’en France.
f) Opacité et manquements réglementaires
Les rapports de tests sont souvent tardifs ou absents, les mises à jour et retraits insuffisants, et les sanctions rares, ce qui compromet la santé des utilisateurs. Nous avons d’ailleurs écrit aux ministres de tutelle de l’ANFR pour exiger une véritable transparence.
g) Limitation scientifique fondamentale
Le DAS ne prend en compte que la composante électrique des ondes électromagnétiques et ignore la composante magnétique, alors que des effets biologiques non thermiques liés au champ magnétique sont de plus en plus étudiés. Cette lacune scientifique majeure limite encore la portée sanitaire de l’indicateur.
h) Les risques pour la santé
De nombreuses études réalisés tant sur l’animal, que des études épidémiologiques ont mis en évidence des risques sur la fertilité masculine et féminine (proximité du téléphone avec les organes de reproduction), sur les risques de cancer et en particulier du cerveau (les glioblastomes, cancers du cerveau les plus graves ont été multipliés par quatre en 30 ans et de 230% chez les 15/39 ans selon Santé Publique France).
De son côté, en 2011, le Centre de recherche international du Cancer (Organisation mondiale de la santé) a classé les ondes des radiofréquences comme cancérogène possible (classe 2B).
6. Les alertes de l’ANSES et l’objection française
En 2019, l’ANSES a recommandé dans un rapport dit « Phonegate« la mesure du DAS au contact (0 mm) pour mieux protéger la santé des utilisateurs. En 2020, la France a déposé une objection formelle auprès de la Commission européenne pour imposer cette évolution. Cette demande reste sans effet à ce jour (24/06/2025).
7. Les objets connectés : un angle mort préoccupant
La multiplication des objets connectés (montres, écouteurs, bracelets, trackers pour enfants) expose le public à une exposition cumulée et prolongée aux ondes, sans contrôle ni affichage du DAS adapté, ce qui représente un risque supplémentaire pour la santé.
8. Notre liste noire : 62 modèles dangereux
De 2018 à juin 2025, Alerte Phonegate a recensé 60 modèles de téléphones portables dangereux dépassant les seuils réglementaires lors de contrôles réalisés par l’ANFR et deux tablettes, certains étant toujours commercialisés suite à une simple mise-à-jour logiciel. Parmi eux, des modèles de grandes marques comme Apple, Samsung, Xiaomi, Lenovo ou Nokia qui n’hésitent pas à commercialiser des téléphones ou des objets connectés dépassant les seuils réglementaires.
👉 Consultez la liste noire actualisée
9. Un calculateur pour connaître son exposition réelle

Calculateur de DAS
Alerte Phonegate a mis en place un calculateur DAS qui ajuste les valeurs officielles selon la distance d’utilisation et la zone géographique, permettant à chacun d’évaluer son exposition réelle et de mieux protéger sa santé.
Conclusion
Qu’il s’agisse de la réglementation européenne ou américaine (FCC), le DAS reste un indicateur incomplet et trompeur : il ne prend pas en compte les usages réels, l’exposition cumulative, les effets non thermiques, la composante magnétique des ondes, ni la multiplication des objets connectés. Aucun téléphone ou objet connecté mis sur le marché avec cet indicateur, quelle que soit la réglementation nationale, ne peut être considéré comme sûr pour la santé.
La mise en place de cet indicateur non fiable a surtout permis aux fabricants de privilégier la puissance du téléphone et donc une bonne connectivité et ce au détriment de la santé publique. Pire, face à la concurrence féroce entre industriels, ces derniers utilisent des logiciels embarqués qui permettent de fausser les contrôles des agences de régulation.
Cet article sera mis-à-jour régulièrement
Pour aller plus loin :
- Vidéo explicative sur le DAS
- Liste noire des modèles dangereux
- Calculateur DAS
- Conseils pour se protéger des ondes