Il aura fallu attendre deux ans avant qu’Innovation, Science and Economic Developpemt Canada (ISED) transmette à notre correspondante locale, Sharon Noble, la liste des niveaux de débit d’absorption spécifique (DAS) des téléphones mobiles canadiens dangereux testés entre 2016 et 2021.

C’est donc une nouvelle victoire pour Alerte Phonegate, notre ONG à vocation internationale, ainsi que pour le Dr Marc Arazi qui a révélé le scandale en 2016. Nos chaleureux remerciements vont à Sharon Noble, dont la ténacité a enfin permis la communication de ces données importantes.

 

Transmission d’une liste de 90 smartphones contrôlés par les autorités canadiennes

 

C’est par le biais de la procédure dite « Access to Information Act (The Act) » que le travail de Sharon a pu aboutir.  Dans un courriel en date du 25 mars 2022, l’ISED lui transmettait enfin une liste de quatre-vingt-dix smartphones contrôlés. Ce nombre de 90 représente une moyenne annuelle d’une vingtaine de tests – par comparaison, la France en teste en moyenne 70 par an (donc, à peine 15 % des téléphones mobiles mis sur le marché français !).

 

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Une large part de ces téléphones mobiles testés au Canada proviennent des fabricants, les autres ont été pris en rayon des magasins. Si de nombreuses marques des plus connues ont été testées, seulement deux smartphones du fabricant Apple y figuraient, ce qui, au regard de la place de leader de la marque sur le marché nord-américain, nous apparaît comme bien insuffisant.

 

Les smartphones GOOGLE particulièrement dangereux 

 

Sur les quatre-vingt-dix téléphones portables, huit d’entre eux, soit près de dix pour cent de l’ensemble ont présenté un DAS non conforme, supérieur au niveau réglementaire fixé par la Federal Communications Commission (FCC). Le DAS tête pour 1 g de tissu ne doit pas dépasser 1,6 W/kg, même limite pour le DAS tronc ; pour le DAS membre, pour 10 g la limite est de 4 W/kg.

 

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Ces limites sont connues, et pourtant, les résultats de deux smartphones fabriqués par Google LLC (dont le Pixel 3a)sont particulièrement inquiétants puisque les contrôles pratiqués en 2019/2020 montrent des DAS tête respectivement de 5,27 W/kg et 4,02 W/kg pour 1 g. Ce sont là des niveaux parmi les plus élevés que nous ayons relevés depuis que nous avons obligé l’Agence nationale des fréquences (ANFR) à publier plus de 750 rapports de tests. Les DAS tronc sont, eux aussi, au-dessus des niveaux réglementaires (2,89 W/kg et 1,82 W/kg).

L’ISED indique qu’une mise à jour logicielle a été demandée à Google LLC afin de permettre un retour dans des niveaux de conformité, mais sans autres précisions sur les nouveaux niveaux de DAS.

 

Les fabricants Xiaomi et Razer déjà épinglés en France

 

Pour le fabricant chinois Xiaomi, le smartphone Redmi Note 7 a été épinglé en 2019/2020 pour dépassement de DAS tronc (2,33W/kg). L’ISED a donc décidé de ne pas autoriser la commercialisation de cet appareil au Canada, élargissant l’interdiction aux divers distributeurs. Signalons au passage que le smartphone Redmi note 5 a été contrôlé pour dépassement de DAS tête par l’ANFR, sans toutefois être retiré du marché français.

Enfin, le contrôle en 2020/2021 du Razer Phone 2 du fabricant californien Razer a lui aussi montré des niveaux de DAS particulièrement élevés (tronc 4,35 W/kg, membres 5,41W/kg). L’ISED a demandé une mise à jour logicielle mais à ce jour il n’y aucune information sur son état d’avancée. Le Razer Phone 2 a été retiré en France et au Danemark.

 

Health Canada se trompe sur le facteur de sécurité

 

L’ISED indique avoir interrogé Health Canada concernant ces dépassements de DAS. Cette dernière considérerait que les niveaux de DAS relevés n’affectent pas la santé des utilisateurs. Pour arriver à cette conclusion, l’agence de santé continue à tenir pour acquis qu’il existe un facteur de sécurité de 50 entourant le DAS local. Ce qui est parfaitement faux et un mensonge d’État(s) comme nous le savons maintenant !

C’est d’ailleurs ce qui fait réagir notre correspondante canadienne, Sharon Noble :

« Après les révélations par Alerte Phonegate des dépassements de DAS en France en 2017, puis celles des tests indépendants réalisés en 2019 par le journaliste Sam Roe pour le Chicago Tribune sur les téléphones portables les plus vendus aux USA, voici enfin la communication par l’ISED de la liste des smartphones dangereux contrôlés au Canada. C’est une avancée pour plus de transparence. Cependant, il faut maintenant mettre fin à une fausse assurance donnée depuis 30 ans par les gouvernements et les télécoms selon laquelle les niveaux d’exposition inférieurs au facteur de sécurité de l’ICNIRP (jusqu’à 100 W/kg) sont sans danger. »»

Pour le Dr Marc Arazi qui est à l’origine des révélations du scandale « Phonegate » :

« La culture du secret qui entoure les contrôles de DAS des téléphones portables en dit long sur les enjeux économiques, politiques et industriels, clairement prioritaires par rapport aux enjeux de santé publique. Le plus grave dans cette affaire, c’est que les utilisateurs canadiens de ces téléphones portables non conformes et dangereux n’ont jamais été informés. Il est plus que temps qu’ils le soient ! »


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